Ce matin, vous avez bu un café avec du sucre dans une tasse, et un jus d’orange. Vous avez mis une jupe en coton ou en satin, pour aller dans un magasin acheter des abricots, des épinards, des aubergines et des bougies. L’air de rien, pas moins de 13 mots d’origine arabe se sont glissés dans cette petite scène de tous les jours. Comme toutes les langues, le français s’est construit en empruntant des mots et expressions, ici-et-là, tout au long de son histoire. Aujourd’hui, dans notre vocabulaire, l’influence de l’arabe est très importante et nous utilisons beaucoup de termes sans même le savoir. Petit tour d’horizon des mots français d’origine arabe utilisés quotidiennement, avec Assimil.

Quelle est la place de l’arabe dans la langue française ?

D’« abricot » à « zouave », ce sont plus de 400 mots français d’origine arabe qui peuvent être utilisés quotidiennement et qui enrichissent donc notre vocabulaire. À tel point que la langue arabe est même la troisième langue à laquelle la langue française a le plus emprunté, juste derrière l’anglais et l’italien. De même, un Français utilise quatre fois plus de mots arabes que de mots gaulois.

Une influence dictée par une longue histoire commune, qui a commencé au IXe siècle avec Al-Andalus, les territoires ibériques et du sud de la France qui ont été sous domination musulmane jusqu’en 1492. Initialement, ce sont principalement des mots savants et scientifiques qui ont été empruntés.

Ensuite, la colonisation et la décolonisation sont des périodes charnières dans l’influence de la langue arabe sur le français. De nombreux mots ont fait leur apparition – et continuent toujours de le faire – notamment dans le domaine de la gastronomie.

Les mots français d’origine arabes passent à table

Du fait de leur nombre important, il serait très long de détailler chaque mot français d’origine arabe utilisé quotidiennement. C’est d’autant plus vrai pour ce qui touche aux arts de la table où l’influence de l’arabe est prédominante, aussi bien en matière de nourriture que d’ustensiles. Si des mots comme « merguez » ou « méchouis » ont naturellement été assimilés, certains ont évolué depuis l’arabe. C’est le cas notamment de « café » (de l’arabe qahwa qui donne aussi le mot d’argot caoua), ou de « tasse » (de ṭâs : la coupe, l’écuelle).

De même, certains termes que nous pensions avoir empruntés à des voisins latins sont eux-mêmes influencés par l’arabe. « Sucre », par exemple, qui vient de l’italien zucchero, lui-même issu de l’arabe sukkar. On peut également citer « carafe » (de l’italien caraffa, et issu de l’arabe ġarafa qui veut dire « servir de l’eau ou de la nourriture avec une louche », ou « pastèque », du portugais pateca, venant de l’arabe al-baṭṭîḫa.

Des mots français d’origine arabe dans la garde-robe

Les mots français d’origine arabe garnissent nos placards, aussi bien en tant que vêtement que par le tissu. Les plus répandus et utilisés quotidiennement sont, sans nul doute, la « jupe » et la « chemise ».

Ainsi, la « jupe » vient de l’italien guibba, lui-même issu de l’arabe djubba, « cafetan ». Avant, la jupe telle que nous la connaissons était appelée « cotillon ». Le mot « chemise » est lui issu de qamîṣ, qui avait évolué en latin en camisia.

Du côté des matières, les mots français d’origine arabe les plus utilisés quotidiennement restent « satin » et « coton ». Ce dernier provient du mot quṭn, via l’italien cotone. « Satin », quant à lui, provient de la retranscription arabe d’une ville chinoise : zaytûn, pour Tsia-toung, l’actuelle Quanzhou, ville du sud-est de la Chine, ancien port important de la route de la soie où l’on trouvait notamment du satin. À noter que zaytûn veut également dire « olive ». Quand on vous dit que les influences peuvent être nombreuses !

Des mots français d’origine arabe, symboles de confort

Besoin de repos ? Vous saurez maintenant qu’une bonne partie de votre mobilier ou literie sont des mots français d’origine arabe. Par exemple, « sofa » a simplement perdu un F. Suffa désignait une estrade élevée recouverte de tapis et coussins accueillant les personnes que l’on souhaitait honorer. Le mot « matelas » a lui aussi des origines arabes. Ce mot provient de maṭraḥ : un tapis ou un lieu où l’on jetait quelque chose. Sa forme italienne, materasso, a donné le nom materas en ancien français.

Et pour se relaxer un peu, pourquoi ne pas allumer une bougie ? Le cylindre de cire tient son nom de la ville de Bejaïa, en Algérie, qui s’appelait autrefois… Bougie (en langue latine) : une cité réputée pour son exportation de cire, évidemment.

Jouons avec les mots français d’origine arabe

Vous l’aurez compris, on trouve des mots français d’origine arabe dans tous les domaines. L’univers des jeux n’échappe pas à la règle, avec notamment la traditionnelle « raquette ». L’objet tient son nom de râḥa, signifiant « paume de la main ». Un nom qui rappelle forcément le jeu de paume, ancêtre du tennis, extrêmement populaire en France dès le XVIe siècle, et renvoyant à un tournant de la Révolution française : le Serment du jeu de paume.

Autre élément de jeu très célèbre, la formule « Échec et mat » marquant la victoire dans une partie d’échecs. Deux versions expliquent l’origine de cette phrase. Elle viendrait de l’arabe al-šayḫ mât, « le roi est mort », ou du persan sāh māta, qu’on peut traduire par « le roi est sans défense ». Dans les deux cas, la formule de fin des échecs prend tout son sens puisque le jeu se termine quand le roi ne peut plus échapper à une capture au tour suivant.

Encore aujourd’hui, l’arabe influence les mots français

Les langues sont en constante évolution. Si bon nombre de mots français utilisés quotidiennement ont des origines arabes très anciennes, encore aujourd’hui, notre vocabulaire se retrouve enrichi par ces influences. C’est le cas de l’expression argotique, fréquemment utilisée par les jeunes, « avoir le seum ». Comprendre : être triste, énervé ou dégoûté. « Seum » vient de l’arabe samm qui signifie venin. Le terme a notamment été rendu populaire par une campagne de la sécurité routière, en 2013 : « Si t’as pas de Sam (le conducteur qui ne boit pas), t’as le seum ».

Parmi les termes récents, on peut aussi citer « chouf » (šûf), un terme arabe qui signifie « regarder ». Ou encore « kiffer », autrement dit « prendre du plaisir », qui tient son origine de kayf. Si le mot original avait un rapport avec le plaisir lié à la consommation de cannabis ou de haschisch (en allemand, kiffen signifie d’ailleurs « fumer de l’herbe »), en France, le terme a évolué vers une notion plus générale. Au point de faire son entrée dans le dictionnaire. Et nul doute que les prochaines décennies verront encore de nouveaux mots français tirer leurs origines de l’arabe.

Assimil tient à remercier Rita Nammour-Wardini pour sa patiente relecture.

 

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